CHARLES LOUIS STRACTMAN (1827-1894)

Charles Louis Stractman est né à Gand (Belgique) le 7 mai 1827. Il n'a que 15 ans lorsque sa mère décède. De condition modeste, son père, Louis Stractman, l'envoie en France afin qu'il se forge un avenir plus prometteur que s'il était resté en Belgique. En 1844, Charles Stractman quitte donc sa Flandre natale et s'établit provisoirement à Poincy, en région parisienne. Il participe comme terrassier, dans un premier temps, puis comme porteur de mines, dans un second temps, à l'immense chantier à ciel ouvert des réseaux ferrés de France voulu par Napoléon III. Autodidacte, il créé par la suite sa propre entreprise et poursuit les travaux relatifs aux chemins de fer, ainsi que la construction de gares et autres ouvrages d'art. Il interviendra dans la France entière. Appelé en 1854 à participer aux travaux de construction de la ligne Paris - Mulhouse, il est amené à se diriger vers l'est et s'établit définitivement à Belfort.

Dès 1870, il se place sous les ordres du colonel Denfert Rochereau et participe à l'effort de guerre. Il construit une partie des fortifications de Belfort dont le fort de Bellevue ainsi que tous les fossés et escarpements de la place d'armes. Il est également envoyé à Bâle auprès de Camille Ledru, directeur de la Compagnie des Chemins de Fer de l'Est, pour construire des ponts en vue de remplacer ceux qui seront détruits pendant la guerre. Il sera aussi chargé, par ordre des autorités militaires, de construire des baraquements et des immeubles, les premiers pour abriter l'envahisseur et soulager la population, et les seconds pour abriter les alsaciens souhaitant rester français. Pour l'occasion, il recevra du ministre de l'intérieur une lettre dans laquelle il le félicite personnellement pour son patriotisme. En association avec Pechwerty et Nercam, eux aussi entrepreneurs, il participe après la guerre à la construction de forts de Belfort dont le fort de Roppe, le fort du Salbert, le fort de Giromagny, les forts des Hautes- et Basses-Perches ainsi que le fort du réduit du Bosmont. Ces fortifications font partie du système Séré de Rivières. C'est dans ce contexte qu'il sera amené à bâtir entre 1877 et 1880 le Fort du Trou d'Enfer situé à Noisy-le-Roi, et les batteries annexes. L'ensemble de ces travaux s'élèvera à trois millions cinq cent mille francs. Il sera en outre accompagné de son gendre, Casimir Schultz, qui était trésorier payeur aux armées de Napoléon III avant de s'associer avec son beau-père pour devenir lui aussi entrepreneur. Tous habitaient pour l'occasion à Louveciennes.

Le 11 septembre 1877, Charles Stractman reçoit un courrier signé du maréchal Mac Mahon et du ministre de la justice Jacques, Victor, Albert, duc de Broglie, l'informant qu'il est désormais citoyen français. Il poursuivra à travers la France le développement des voies de chemins de fer, bâtira à Belfort des immeubles, et fera don à la ville de nombreux terrains. Il creusera également une partie du canal du Rhône au Rhin. Sa générosité amènera la municipalité de Belfort à lui consacrer une rue qu'il a intégralement bâtie et bénéficiera du titre de bienfaiteur de la ville. En 1887, Charles Stractman est élevé au grade de Chevalier de la Légion d'Honneur. Travailleur infatigable, il décède à Belfort le 26 avril 1894 où il repose.

Yves Jacquot

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